1992 – 2018
GUADELOUPE : 26 ANS D’ART
Un critique d’art / Une chronologie
*
Jocelyn
Valton
-
Guadeloupe 1992 : Pas de lieux d’enseignement de l’art hormis le CMA de
Pointe-à-Pitre (Centre des Métiers d’Art) et ses ateliers pour enfants et adultes. On y dispense des cours à quelques élèves dont un
certain nombre en échec scolaire.
La
structure municipale propose surtout des ateliers de poterie artisanale et
possède une petite presse à graver.
Quelques
artistes d’aujourd’hui y font leurs premiers pas et y trouvent un lieu pour
préparer le concours d’entrée aux Beaux-Arts de Paris ;
-
Pas de lieux dédiés hormis le Centre
Rémy Nainsouta qui accueille quelques expositions dans un espace non conçu
pour l’art et le Centre des Arts qui
compte alors deux salles mal entretenues, mal équipées et mal éclairées. Les
artistes qui y exposent paient de leur personne en se faisant gardiens et
médiateurs auprès du public, ils doivent de plus laisser une œuvre en
contrepartie (!) pour exposer ;
-
Des galeries d’art qui se comptent sur les doigts d’une main : la galerie Cazanove à l’entrée du Gosier, la
galerie Christian Mas près du lycée
Carnot à P-à-P et des espaces marchands où se vend un ‘‘art d’aéroport’’ ;
- Pas
de revues spécialisées ;
-
Le magazine hebdomadaire 7 Mag publie
quelques articles / annonces ou comptes rendus d’expositions ;
-
Le quotidien France-Antilles offre
des entrefilets sur les expositions, écrits par des non spécialistes ;
- Une
critique d’art inexistante en Guadeloupe. Au manque d’espaces dédiés pour
exposer et voir de l’art, vient s’ajouter l’absence d’espaces pour la réflexion
et la pensée critique ;
- Le
festival Indigo,
dont le peintre haïtien Rolf Sambalé
(mort en 2010) a été l’un des initiateurs en 1992, rassemble au Fort Fleur
d’Épée durant quelques années, des artistes des Caraïbes. Ces rencontres soutenues
par l’UNESCO disparaîtront au milieu des années 1990 ;
-
1993 : Ouverture du CAPL (Centre d’Arts Plastiques du Lamentin) dans
l’ancienne prison de la commune / le peintre Michel Rovelas directeur. De 1994 à sa fermeture en 1999, j’y enseigne
l’histoire de la photographie et les pratiques contemporaines. L’école
municipale d’art ouverte par le maire José Toribio,
fermera faute de moyens financiers et avant d’avoir pu devenir une école
régionale comme l’IRAV de la
Martinique ;
-
1994 : L’aventure du CAPL sera marquée par le symposium de sculptures
monumentales « Karupture ». Le critique d’art français Gérard
Xuriguerra, invite un panel
d’artistes à créer des œuvres dans la commune du Lamentin : le Colombien Edgar Negret, le Vénézuélien Carlos Cruz Diez (figure mondialement connue
de l’Op Art), l’Américain Denis Oppenheim,
le Suédois Erik Dietman, l’Argentin Leopoldo Maeler, le Portoricain Pablo Rubio, la Suissesse Ruth Richard qui choisissent les lieux
d’implantation de leurs sculptures (deux écoles et sites emblématiques de la
commune) pour la plupart réalisées dans l’île avec de petites mains locales. L’art
contemporain fait une entrée brutale, sans médiation, dans l’espace public de
l’île. Deux œuvres ne survivront pas à cette entrée en force. Celle du
sculpteur irlandais Michael Warren (au petit port de pêche de la
Baie de Blachon), réalisée avec le concours de l’atelier du charpentier de marine Jean Forbin au Carénage à P-à-P, et
celle du Mexicain Jorge Dubon.
Toutes deux en bois, seront détruites du fait de dégradations naturelles et
humaines ;
Edgar Negret :
Totem, 1994
(Place de la Mairie)
Carlos Cruz
Diez : Physiochromie du Lamentin,
1997
-
1994 : Participation au
jury du festival d’art caribéen, Indigo. Les organisateurs disent vouloir
l’émergence d’un ‘‘art caribéen’’ identifiable au même titre que ‘‘l’art naïf’’
haïtien. Un point de vue que je ne partage pas. Peut-on vouloir une forme
identifiable et stéréotypée en guise d’affirmation de l’art des Caraïbes ? ;
-
1997 : Publication de mon article Fétiches Brisés, réflexion sur la genèse de
l’art des Caraïbes-Amériques dans le contexte d’extrême violence et d’interdits
des sociétés esclavagistes des Antilles françaises, paru au 2ème numéro
de Recherches en Esthétique (revue
universitaire du CEREAP en Martinique) qui avait pour thème « La
Critique » ;
http://jocelynvalton.blogspot.com/2013/11/f-e-t-i-c-h-e-s-b-r-i-s-e-s_26.html
http://jocelynvalton.blogspot.com/2013/11/f-e-t-i-c-h-e-s-b-r-i-s-e-s_26.html
Elegua. Terre, cauris,
coupelle, pièces de monnaie
- 1998 :
Publication par l’hebdomadaire 7 Mag
de mon article : Où est le génie de Nicole Réache ?, en
réponse à un article de France-Antilles : ‘‘Nicole Réache, géniale !’’ qui
faisait l’éloge d’une peinture médiocre, porteuse du discours révisionniste béké
en pleines commémorations du 150aire de l’abolition de l’esclavage
en Guadeloupe. Discours béké qui ressurgira en 2015 par le biais d’une commande
à un sculpteur de l’île et une tentative d’érection d’une stèle à Sainte-Rose commémorant
l’arrivée des premiers colons français en Guadeloupe, en réaction à
l’inauguration du MACTe. Une stèle qui sera détruite par l’intervention de
militants guadeloupéens.
Bas relief en pierre, commande békée pour
la stèle de Pointe Allègre (Ste Rose)
pour commémorer les débuts de la
colonisation en Guadeloupe
L’article
en rupture avec le ton consensuel qui règne alors dans la
presse s’agissant d’art, fait une critique sévère de l’exposition Mémorielles 3
de Nicole Réache qui invitait les
spectateurs à : « venir partager un moment de nostalgie » (!)
autour de tableaux représentant des scènes de l’univers plantationnaire. 80
personnalités de la Guadeloupe ont signé des contributions complaisantes au
catalogue de l’exposition. L’article rappelle ainsi que l’art (ici à travers ce
qui n’en a que l’apparence) n’échappe pas à la prégnance du ‘‘fait colonial’’, incontournable tant aux Caraïbes
que dans la société française ;
-
1999 : Régine Cuzin (une commissaire
d’exposition d’origine française qui s’intéresse à la Caraïbe et aux
‘‘outre-mer’’) me commande un texte sur l’œuvre de Bruno Pedurand pour le catalogue de l’exposition itinérante « La Route de l’Art sur la Route de l’Esclave ».
L’exposition qui fait escale à l’Artchipel
scène nationale de Guadeloupe, intègre un nouvel artiste à chacune de ses
étapes retraçant le parcours du commerce triangulaire ;
-
Publication de mon article : Vers une esthétique du Tout-Monde – Fétiches Brisés II
dans l’ouvrage collectif « Art et Critique – Dialogue avec la
Caraïbe », L’HARMATTAN ;
-
2000 : Deux critiques d’art d’origine française, missionnées en Guadeloupe
par le ministère de la culture et la DRAC, visitent des ateliers d’artistes par
le biais de l’association ActuArt (dont je suis directeur).
Étrangères aux sociétés caribéennes et à l’art qui en émerge, elles lisent
plusieurs de mes textes. Lise Guéhenneux,
membre de l’AICA, m’invite à adhérer à l’Association Internationale des
Critiques d’Art ;
-
2001 : Commissariat de l’exposition Figurations Caribéennes à l’Artchipel. Le catalogue
comporte un texte qui présente le travail de chacun des trois artistes de
l’exposition.
Les
expositions sans catalogue et sans texte d’un spécialiste seront désormais plus
rares en Guadeloupe ;
-
Exposition « Sans Titre » à l’Habitation La Ramée avec entre autres, les designers de la boutique Malin’s Factory et le photographe Daniel
Goudrouffe. Le Conseil Général
destine ce lieu (en principe) à accueillir des artistes en résidence, ce que
les conditions matérielles ne permettent pas toujours ;
-
Le Conseil Général produit Les Cubes, une
série d’expositions à la Résidence départementale au Gosier / Mon texte pour le
catalogue de l’exposition Résurgences
de Georges Rovelas, créateur
d’objets et de mobilier design ;
- 2003 :
L’Artchipel, scène nationale à Basse-Terre accueille l’exposition « Itinerrance» de Bruno Pedurand. Pour le catalogue, mon texte
: Icones des
deux mondes ;
Bruno Pedurand :
Vanité 10
Exposition « Itinerrance », 2003
Exposition « Itinerrance », 2003
-
2004 : Mon article : Conseil Régional – Le sens perdu de l’art et de l’histoire
met en perspective l’acquisition problématique par le Conseil Régional, d’un
ensemble de peintures de N. Réache (expo
révisionniste de 1998) pour son hémicycle. Acquisition emblématique d’une dérive
de sa politique culturelle que l’institution refuse de remettre en question ;
-
Milieu des années 2000, l’Internet en
Guadeloupe ouvre de nouvelles possibilités de diffusion des textes et des images.
Durant toute la décennie 2000 - 2010, je partage mes articles par Emails et
listes de diffusion (Guadeloupe, Martinique, France, …) ;
- J’adhère
à l’AICA. Présence des Caraïbes à la section France de l’association des
critiques d’art ;
-
2005 : Publication de mon article : L’Époque - Le lieu - L’obscène - L’audace / Un art officiel
dans la Guadeloupe de Lucette Michaux-Chevry, une critique des errements de la politique artistique et
culturelle régionale de cette époque marquée du sceau de l’exposition Mémorielles 3 (dans l’ouvrage
collectif : « L’audace en art », L’Harmattan) ;
-
Février 2009 : Dans le contexte de la grande grève du LKP (Lyannaj Kont Pwofitasyon)
contre la vie chère et les profits abusifs de la grande distribution contrôlée
par les békés (descendants d’esclavagistes), publication de l’article L’art de faire
grève ‘‘écrit à quatre mains’’ et cosigné avec l’artiste Joëlle Ferly qui réalise une performance
évoquant la grève lors d’une exposition collective à la Fondation Clément créée par le béké Bernard Hayot en Martinique ;
-
Dans cette période apparaît un collectif
‘‘Artis 4 Chimen’’, un groupe
hétéroclite (et pluri ethnique) d’artistes et de photographes qui transforment
l’ancien Musée L’Herminier à l’abandon dans P-à-P, en squat d’artistes ;
-
Avril 2009 : Exposition Kréyol Factory à Paris - La Villette,
avec des artistes des Caraïbes, des Amériques, d’Afrique, de l’Océan
Indien et d’Europe : Bruno Peinado (Fr),
Belkis Ramirez (Rep Dom), David Damoison (Mque), Jean-François Boclé (Mque), Mario Benjamin (Haï), Leah Gordon (G-Br), Philippe Thomarel (Gpe), Jean Ulrick Desert (Haï), Jorge Pineda (Rep Dom), André Robert (Réun), Limber Vilorio (Rep Dom), Ernest Breleur (Mque), Tony Capellan (Rep Dom), Renee Cox (Jam), Bruno Pedurand (Gpe), Jean Yves Adelo
(Gpe), Kara Walker (USA), Sokari Douglas Camp (Nig), … Deux mois après
la grève du LKP, sans commande, je
fais le voyage et produis une analyse critique de l’exposition : Que
retiendrons-nous de l’art en saison créole ? ;
https://www.montraykreyol.org/article/kreyol-factory-que-retiendrons-nous-de-lart-en-saison-creole
https://www.montraykreyol.org/article/kreyol-factory-que-retiendrons-nous-de-lart-en-saison-creole
- Juin
2009 : 1ère édition de l’exposition collective Art Bémao. Sans infrastructure dédiée,
elle a lieu dans le parking de la friche industrielle, près du cimetière de
Baie Mahault, avec la participation de Bruno Pedurand, Michel Rovelas,
Audrey Phibel, (…) entre autres
artistes. Les années suivantes, l’exposition sera accueillie dans les locaux exigus
de la médiathèque de la ville ;
-
2010 : Résidence d’artiste de Jérémie Paul
à La Ramée, puis à L’Artchipel où il va produire l’installation « Peu importe le lieu, importe le rythme » à propos de laquelle je
réalise un entretien du jeune artiste formé à la Villa Arson (Nice) : Le Temps - Le
lieu - Le rythme, commande pour un catalogue qui ne sera finalement jamais
produit par le Conseil Général ;
https://jocelynvalton.blogspot.com/2014/04/le-temps-le-lieu-le-rythme-j-paul-j.html
https://www.youtube.com/watch?time_continue=8&v=eIzmRDGmMD8
https://jocelynvalton.blogspot.com/2014/04/le-temps-le-lieu-le-rythme-j-paul-j.html
https://www.youtube.com/watch?time_continue=8&v=eIzmRDGmMD8
Jérémie Paul, dessin à l’encre, 2010
(détail de l’installation à L’Artchipel)
- Avril
2010 : Exposition « 3X3 ».
Commanditaire : Bernard Hayot.
Commissaire : Simon Njami. Trois
artistes antillais : Ernest Breleur
(Mque), Bruno Pedurand (Gpe), David Damoison (Mque). Trois galeries parisiennes
: Les Filles du Calvaire, Olivier Robert, Anne de Villepoix). Un an après la
grève du LKP, mon voyage à Paris sponsorisé par des amis architectes. En retour,
je produis l’article : Conversation avec Simon Njami - Une voie pour défier l’histoire.
Confrontation
de deux points de vue divergents sur la situation de l’art des
Caraïbes-Amériques. L’article sera publié (dans une version amputée, malgré moi, de
tous ses aspects les plus politiques !) au catalogue de l’exposition "Who More
Sci Fi Than Us - Contemporary Art From the Caribbean", Amsterdam,
mai 2012 (en version complète sur mon blog) ;
https://jocelynvalton.blogspot.com/p/blog-page.html
https://jocelynvalton.blogspot.com/p/blog-page.html
-
Publication de l’ouvrage de l’association Art
Public dont l’architecte Émile Romney
est président. Faute de lieu pour l’accueillir, et contrairement à son nom, la
collection d’œuvres acquises avec des fonds publics n’a jamais été accessible à
aucun public. Certaines des œuvres de E. Firmin-Ano,
B. Pedurand, A. Nabajoth, D. Goudrouffe,
P. Chadru, J. Nankin, H. Edau, M-J. Limouza, (…) se détériorent sans être
vues ;
-
2011 : L’artiste Italien Giuseppe Penone,
protagoniste de l’Arte Povera mondialement
connu, contacté par Mail afin de le questionner sur sa sculpture L’arbre des
voyelles installée au Jardin
des Tuileries à Paris. Je veux savoir si ce moulage en bronze grandeur
nature d’un chêne déraciné, produit pour le site, est en rapport avec l’histoire
de l’esclavage et Jean-Baptiste Colbert (ministre
de Louis XIV, à l’origine du jardin des Tuileries et rédacteur du Code Noir) mentionné dans le fascicule
du SCEREN-CNDP pour l’option arts plastiques du BAC ;
- Juillet
2012 : La réponse insatisfaisante de G. Penone, les questions sur notre relation asymétrique avec la France
et les possibilités d’émancipation de la Guadeloupe, sont à l’origine de mon
article : Une école pour la république archipel publié
par Médiapart ;
https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/120712/une-ecole-pour-la-republique-archipel
https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/120712/une-ecole-pour-la-republique-archipel
-
Décembre 2012 : Colloque Art et
Transgression / CEREAP. Mon article intitulé : Sortir du piège de l’histoire – La
transgression par l’art revient
sur l’exposition 3X3 de Simon Njami pour le béké martiniquais Bernard
Hayot et questionne la place et le
rôle de la Fondation Clément. Dominique
Berthet ménage le nouveau mécène de
sa revue et refuse la publication de l’article dans les actes du
colloque. Je publie l’article sur mon blog ;
https://jocelynvalton.blogspot.com/2014/02/sortir-du-piege-de-lhistoire-la.html
https://jocelynvalton.blogspot.com/2014/02/sortir-du-piege-de-lhistoire-la.html
-
2014 : Eddy Firmin-Ano
participe à la série d’expositions Carte
Blanche du Musée Schœlcher de P-à-P. J’accepte à son invitation d’écrire le
texte du catalogue Résistance(s) à
condition de pouvoir intervenir dans la conception même de l’exposition. Ainsi
naîtra en co-création, l’affiche géante d’un Nègre marron de 8m de haut, d’après une gravure ancienne de William
Blake revisitée par E. Firmin-Ano. L’affiche géante est collée
dans la cour d’entrée du musée, sur un mur mitoyen et domine le buste de Victor
Schœlcher à ses pieds.
Questionnant
le musée et le discours schœlchériste (qui présente V. Schœlcher comme le grand
‘‘libérateur’’ des esclaves), mon texte en fait la critique, donne toute leur
place aux résistances protéiformes des esclaves. Il s’oppose au discours
officiel donnant l’image de la France en nation généreuse ayant octroyé la
liberté à des esclaves implorant à genou, attendant passivement un sort meilleur
;
https://jocelynvalton.blogspot.com/2014/02/resistances-exposition-firmin-ano.html
https://jocelynvalton.blogspot.com/2014/02/resistances-exposition-firmin-ano.html
E. Firmin-Ano à côté du Buste de V. Schœlcher
surplombé par le Nègre
Marron géant
-
Mai 2015 : Inauguration du MACTe à P-à-P. Le mémorial (dédié à la mémoire
de la traite négrière transatlantique et de l’esclavage) est l’objet de vives
controverses. Du fait de l’angle sous lequel il aborde cette question, desservi
par une scénographie inaboutie, le MACTe est vivement critiqué sur le fond
comme sur la forme. Son exposition permanente donne à voir un ensemble d’œuvres
d’art d’Afrique et des Caraïbes-Amériques et il ouvre à la fois son espace à
des expositions relevant de l’histoire et à des expositions d’art contemporain.
Voir
mon article : Mémorial ACTe - La mémoire sous contrôle ;
https://jocelynvalton.blogspot.com/2016/01/memorialacte-art-memoire-esclavage-la.html
https://jocelynvalton.blogspot.com/2016/01/memorialacte-art-memoire-esclavage-la.html
-
2016 : Exposition Echos Imprévus au MACTe qui accueille 26 artistes
dans un vaste espace scénographié et nouvellement équipé de cimaises et
d’éclairages appropriés. Commissaire de l’exposition : la
Martiniquaise Johanna Auguiac, avec
le Sud-Africain Tumelo Mosaka ;
Pour
l’occasion, j’anime une des tables rondes : Paysage et autres considérations dans laquelle j’interroge
l’absence du genre ‘‘paysage’’ dans le travail des artistes de la Caraïbe d’aujourd’hui.
Sur le plateau : Eddy Firmin-Ano,
Philippe Thomarel, Kelly Sinnapah-Mary, Bruno Pedurand.
Le
paysage comme impossible (du moins difficile appropriation) ‘‘dans un pays qui
ne s’appartient pas’’.
Kelly Sinnapah-Mary :
Land owner, 2016
(dessin, collage)
(dessin, collage)
- S’inspirant
d’un court article que j’ai intitulé Négricide, évoquant la dimension génocidaire de
la traite négrière transatlantique et de l’esclavage, Samuel Gelas travaille à une série d’œuvres
éponymes qu’il exposera dans l’Hexagone et en Guadeloupe ;
https://jocelynvalton.blogspot.com/2015/02/negricide-negricide-n.html
https://jocelynvalton.blogspot.com/2015/02/negricide-negricide-n.html
- 2017 :
Je suis approché par la DAC (Direction des Affaires Culturelles) de la
Guadeloupe pour être jury dans le cadre du 1% artistique – Rénovation de la Maison Chapp,
une ancienne bâtisse du XVIIIème siècle à Basse-Terre, qui fut la demeure
d’un colon esclavagiste. Le cabinet d’architectes retenu est français de même
que la majorité des membres du jury.
Je
demande :
1)
- que cet aspect lié à l’histoire, soit clairement précisé dans l’appel d’offre
aux artistes,
2)
- que l’appel d’offre soit réservé aux artistes de Guadeloupe, du reste de la
Caraïbe et de la diaspora, habituellement écartés des opérations 1% nationales en
raison du caractère excentré et de l’insularité de nos territoires.;
- Mai
2018 : Le jury avance une réglementation sur le périmètre ‘‘national’’ du
1% (périmètre qui ne tient pas compte de la situation excentrée des artistes
des Caraïbes) pour rejeter ma proposition. En désaccord, j’envoie ma démission
au jury du 1% artistique de la Maison
Chapp. Je suis remplacé par l’artiste Joëlle Ferly.
Finalement,
pour cette opération des ‘‘Affaires Culturelles Françaises en Guadeloupe’’, tant
les architectes que les artistes sélectionnés sont des Français de l’Hexagone…
Puisque
l’art est la vie continuée, il ne saurait échapper à la logique des relations
asymétriques France / Guadeloupe, France / ‘‘Outre-mer’’.
-
Depuis cette table ronde questionnant le paysage (‘‘dans un pays qui ne
s’appartient pas’’), Philippe Thomarel
développe une nouvelle série d’œuvres qu’il nomme « Réflexion sur le paysage antillais » ;
Philippe Thomarel :
Réflexion sur le paysage antillais, 2018
Octobre
2018 : 3ème édition du ‘‘Festival
Bleu Outremer’’. L’exposition d’art contemporain « Les artistes pansent » est
accueillie dans l’espace non dédié de la médiathèque du Lamentin. Comme dans
l’édition précédente, le public peut voir des performances comme celle de Anaïs
Verspan, dans une île où 90% de la population a été empoisonnée par le
chlordécone dont la présence dans les sols durera pour au moins 700 ans selon
les spécialistes.
Décembre
2018 : Table ronde avec l’artiste Joëlle Ferly et la sociologue Stéphanie Reinette (Nefta Poetry) sur
« Les développements de l’art d’hier à aujourd’hui en Guadeloupe ».
Je
présente : 1992
– 2018, Guadeloupe : 26 ans d’art – Un critique / Une chronologie
pour ‘‘Les artistes pansent’’, 2018
Jocelyn Valton - AICA, décembre 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire