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5/28/2019

1992 – 2018 GUADELOUPE : 26 ANS D’ART Un critique d’art / Une chronologie



1992 – 2018

GUADELOUPE : 26 ANS D’ART
Un critique d’art / Une chronologie 
*
Jocelyn Valton


- Guadeloupe 1992 : Pas de lieux d’enseignement de l’art hormis le CMA de Pointe-à-Pitre (Centre des Métiers d’Art) et ses ateliers pour enfants et  adultes. On y dispense des cours à quelques élèves dont un certain nombre en échec scolaire.
La structure municipale propose surtout des ateliers de poterie artisanale et possède une petite presse à graver.
Quelques artistes d’aujourd’hui y font leurs premiers pas et y trouvent un lieu pour préparer le concours d’entrée aux Beaux-Arts de Paris ;

- Pas de lieux dédiés hormis le Centre Rémy Nainsouta qui accueille quelques expositions dans un espace non conçu pour l’art et le Centre des Arts qui compte alors deux salles mal entretenues, mal équipées et mal éclairées. Les artistes qui y exposent paient de leur personne en se faisant gardiens et médiateurs auprès du public, ils doivent de plus laisser une œuvre en contrepartie (!) pour exposer ;  

- Des galeries d’art qui se comptent sur les doigts d’une main : la galerie Cazanove à l’entrée du Gosier, la galerie Christian Mas près du lycée Carnot à P-à-P et des espaces marchands où se vend un ‘‘art d’aéroport’’ ;

- Pas de revues spécialisées ;

- Le magazine hebdomadaire 7 Mag publie quelques articles / annonces ou comptes rendus d’expositions ;

- Le quotidien France-Antilles offre des entrefilets sur les expositions, écrits par des non spécialistes ;

- Une critique d’art inexistante en Guadeloupe. Au manque d’espaces dédiés pour exposer et voir de l’art, vient s’ajouter l’absence d’espaces pour la réflexion et la pensée critique ;

- Le festival Indigo, dont le peintre haïtien Rolf Sambalé (mort en 2010) a été l’un des initiateurs en 1992, rassemble au Fort Fleur d’Épée durant quelques années, des artistes des Caraïbes. Ces rencontres soutenues par l’UNESCO disparaîtront au milieu des années 1990 ;

- 1993 : Ouverture du CAPL (Centre d’Arts Plastiques du Lamentin) dans l’ancienne prison de la commune / le peintre Michel Rovelas directeur. De 1994 à sa fermeture en 1999, j’y enseigne l’histoire de la photographie et les pratiques contemporaines. L’école municipale d’art ouverte par le maire José Toribio, fermera faute de moyens financiers et avant d’avoir pu devenir une école régionale comme l’IRAV de la Martinique ;

- 1994 : L’aventure du CAPL sera marquée par le symposium de sculptures monumentales « Karupture ». Le critique d’art français Gérard Xuriguerra, invite un panel d’artistes à créer des œuvres dans la commune du Lamentin : le Colombien Edgar Negret, le Vénézuélien Carlos Cruz Diez (figure mondialement connue de l’Op Art), l’Américain Denis Oppenheim, le Suédois Erik Dietman, l’Argentin Leopoldo Maeler, le Portoricain Pablo Rubio, la Suissesse Ruth Richard qui choisissent les lieux d’implantation de leurs sculptures (deux écoles et sites emblématiques de la commune) pour la plupart réalisées dans l’île avec de petites mains locales. L’art contemporain fait une entrée brutale, sans médiation, dans l’espace public de l’île. Deux œuvres ne survivront pas à cette entrée en force. Celle du sculpteur irlandais Michael Warren (au petit port de pêche de la Baie de Blachon), réalisée avec le concours de l’atelier du charpentier de marine Jean Forbin au Carénage à P-à-P, et celle du Mexicain Jorge Dubon. Toutes deux en bois, seront détruites du fait de dégradations naturelles et humaines ;      
                                                                 
                                                                         
          Michael Warren : Alizées et tortues, 1994
(Baie de Blachon – Œuvre détruite) 




 
                               Edgar Negret : Totem, 1994
                                     (Place de la Mairie)
                                                                   


 
Carlos Cruz Diez : Physiochromie du Lamentin, 1997


- 1994 : Participation au jury du festival d’art caribéen, Indigo. Les organisateurs disent vouloir l’émergence d’un ‘‘art caribéen’’ identifiable au même titre que ‘‘l’art naïf’’ haïtien. Un point de vue que je ne partage pas. Peut-on vouloir une forme identifiable et stéréotypée en guise d’affirmation de l’art des Caraïbes ? ;

- 1997 : Publication de mon article Fétiches Brisés, réflexion sur la genèse de l’art des Caraïbes-Amériques dans le contexte d’extrême violence et d’interdits des sociétés esclavagistes des Antilles françaises, paru au 2ème numéro de Recherches en Esthétique (revue universitaire du CEREAP en Martinique) qui avait pour thème « La Critique » ; 
http://jocelynvalton.blogspot.com/2013/11/f-e-t-i-c-h-e-s-b-r-i-s-e-s_26.html



Elegua. Terre, cauris, coupelle, pièces de monnaie

- 1998 : Publication par l’hebdomadaire 7 Mag de mon article : Où est le génie de Nicole Réache ?, en réponse à un article de France-Antilles : ‘‘Nicole Réache, géniale !’’ qui faisait l’éloge d’une peinture médiocre, porteuse du discours révisionniste béké en pleines commémorations du 150aire de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe. Discours béké qui ressurgira en 2015 par le biais d’une commande à un sculpteur de l’île et une tentative d’érection d’une stèle à Sainte-Rose commémorant l’arrivée des premiers colons français en Guadeloupe, en réaction à l’inauguration du MACTe. Une stèle qui sera détruite par l’intervention de militants guadeloupéens.


Bas relief en pierre, commande békée pour la stèle de Pointe Allègre (Ste Rose)
pour commémorer les débuts de la colonisation en Guadeloupe


L’article en rupture avec le ton consensuel qui règne alors dans la presse s’agissant d’art, fait une critique sévère de l’exposition Mémorielles 3 de Nicole Réache qui invitait les spectateurs à : « venir partager un moment de nostalgie » (!) autour de tableaux représentant des scènes de l’univers plantationnaire. 80 personnalités de la Guadeloupe ont signé des contributions complaisantes au catalogue de l’exposition. L’article rappelle ainsi que l’art (ici à travers ce qui n’en a que l’apparence) n’échappe pas à la prégnance du ‘‘fait colonial’’, incontournable tant aux Caraïbes que dans la société française ;

- 1999 : Régine Cuzin (une commissaire d’exposition d’origine française qui s’intéresse à la Caraïbe et aux ‘‘outre-mer’’) me commande un texte sur l’œuvre de Bruno Pedurand pour le catalogue de l’exposition itinérante « La Route de l’Art sur la Route de l’Esclave ». L’exposition qui fait escale à l’Artchipel scène nationale de Guadeloupe, intègre un nouvel artiste à chacune de ses étapes retraçant le parcours du commerce triangulaire ;

- Publication de mon article : Vers une esthétique du Tout-Monde – Fétiches Brisés II  dans l’ouvrage collectif « Art et Critique – Dialogue avec la Caraïbe », L’HARMATTAN ;

- 2000 : Deux critiques d’art d’origine française, missionnées en Guadeloupe par le ministère de la culture et la DRAC, visitent des ateliers d’artistes par le biais de l’association ActuArt (dont je suis directeur). Étrangères aux sociétés caribéennes et à l’art qui en émerge, elles lisent plusieurs de mes textes. Lise Guéhenneux, membre de l’AICA, m’invite à adhérer  à l’Association Internationale des Critiques d’Art ;

- 2001 : Commissariat de l’exposition Figurations Caribéennes à l’Artchipel. Le catalogue comporte un texte qui présente le travail de chacun des trois artistes de l’exposition.
Les expositions sans catalogue et sans texte d’un spécialiste seront désormais plus rares en Guadeloupe ;

- Exposition « Sans Titre » à l’Habitation La Ramée avec entre autres, les designers de la boutique Malin’s Factory et le photographe Daniel Goudrouffe. Le Conseil Général destine ce lieu (en principe) à accueillir des artistes en résidence, ce que les conditions matérielles ne permettent pas toujours ;

- Le Conseil Général produit Les Cubes, une série d’expositions à la Résidence départementale au Gosier / Mon texte pour le catalogue de l’exposition Résurgences de Georges Rovelas, créateur d’objets et de mobilier design ;

- 2003 : L’Artchipel, scène nationale à Basse-Terre accueille l’exposition « Itinerrance» de Bruno Pedurand. Pour le catalogue, mon texte : Icones des deux mondes ;

Bruno Pedurand : Vanité 10
Exposition « Itinerrance », 2003

- 2004 : Mon article : Conseil Régional – Le sens perdu de l’art et de l’histoire met en perspective l’acquisition problématique par le Conseil Régional, d’un ensemble de peintures de N. Réache (expo révisionniste de 1998) pour son hémicycle. Acquisition emblématique d’une dérive de sa politique culturelle que l’institution refuse de remettre en question ;

- Milieu des années 2000, l’Internet en Guadeloupe ouvre de nouvelles possibilités de diffusion des textes et des images. Durant toute la décennie 2000 - 2010, je partage mes articles par Emails et listes de diffusion (Guadeloupe, Martinique, France, …) ;

- J’adhère à l’AICA. Présence des Caraïbes à la section France de l’association des critiques d’art ;

- 2005 : Publication de mon article : L’Époque - Le lieu - L’obscène - L’audace / Un art officiel dans la Guadeloupe de Lucette Michaux-Chevry, une critique des errements de la politique artistique et culturelle régionale de cette époque marquée du sceau de l’exposition Mémorielles 3 (dans l’ouvrage collectif : « L’audace en art », L’Harmattan) ;

- Février 2009 : Dans le contexte de la grande grève du LKP (Lyannaj Kont Pwofitasyon) contre la vie chère et les profits abusifs de la grande distribution contrôlée par les békés (descendants d’esclavagistes), publication de l’article L’art de faire grève ‘‘écrit à quatre mains’’ et cosigné avec l’artiste Joëlle Ferly qui réalise une performance évoquant la grève lors d’une exposition collective à la Fondation Clément créée par le béké Bernard Hayot en Martinique ;

- Dans cette période apparaît un collectif  ‘‘Artis 4 Chimen’’, un groupe hétéroclite (et pluri ethnique) d’artistes et de photographes qui transforment l’ancien Musée L’Herminier à l’abandon dans P-à-P, en squat d’artistes ;

- Avril 2009 : Exposition Kréyol Factory à Paris - La Villette, avec des artistes des Caraïbes, des Amériques, d’Afrique, de l’Océan Indien et d’Europe : Bruno Peinado (Fr), Belkis Ramirez (Rep Dom), David Damoison (Mque), Jean-François Boclé (Mque), Mario Benjamin (Haï), Leah Gordon (G-Br), Philippe Thomarel (Gpe), Jean Ulrick Desert (Haï), Jorge Pineda (Rep Dom), André Robert (Réun), Limber Vilorio (Rep Dom), Ernest Breleur (Mque), Tony Capellan (Rep Dom), Renee Cox (Jam), Bruno Pedurand (Gpe), Jean Yves Adelo (Gpe), Kara Walker (USA), Sokari Douglas Camp (Nig), … Deux mois après la grève du LKP, sans commande, je fais le voyage et produis une analyse critique de l’exposition : Que retiendrons-nous de l’art en saison créole ? ;
https://www.montraykreyol.org/article/kreyol-factory-que-retiendrons-nous-de-lart-en-saison-creole

- Juin 2009 : 1ère édition de l’exposition collective Art Bémao. Sans infrastructure dédiée, elle a lieu dans le parking de la friche industrielle, près du cimetière de Baie Mahault, avec la participation de Bruno Pedurand, Michel Rovelas, Audrey Phibel, (…) entre autres artistes. Les années suivantes, l’exposition sera accueillie dans les locaux exigus de la médiathèque de la ville ;

- 2010 : Résidence d’artiste de Jérémie Paul à La Ramée, puis à L’Artchipel où il va produire l’installation « Peu importe le lieu, importe le rythme » à propos de laquelle je réalise un entretien du jeune artiste formé à la Villa Arson (Nice) : Le Temps - Le lieu - Le rythme, commande pour un catalogue qui ne sera finalement jamais produit par le Conseil Général ;
https://jocelynvalton.blogspot.com/2014/04/le-temps-le-lieu-le-rythme-j-paul-j.html
 
https://www.youtube.com/watch?time_continue=8&v=eIzmRDGmMD8


Jérémie Paul, dessin à l’encre, 2010
(détail de l’installation à L’Artchipel)

- Avril 2010 : Exposition « 3X3 ». Commanditaire : Bernard Hayot. Commissaire : Simon Njami. Trois artistes antillais : Ernest Breleur (Mque), Bruno Pedurand (Gpe), David Damoison (Mque). Trois galeries parisiennes : Les Filles du Calvaire, Olivier Robert, Anne de Villepoix). Un an après la grève du LKP, mon voyage à Paris sponsorisé par des amis architectes. En retour, je produis l’article : Conversation avec Simon Njami - Une voie pour défier l’histoire.
Confrontation de deux points de vue divergents sur la situation de l’art des Caraïbes-Amériques. L’article sera publié (dans une version amputée, malgré moi, de tous ses aspects les plus politiques !) au catalogue de l’exposition "Who More Sci Fi Than Us - Contemporary Art From the Caribbean", Amsterdam, mai 2012 (en version complète sur mon blog) ;
https://jocelynvalton.blogspot.com/p/blog-page.html


- Publication de l’ouvrage de l’association Art Public dont l’architecte Émile Romney est président. Faute de lieu pour l’accueillir, et contrairement à son nom, la collection d’œuvres acquises avec des fonds publics n’a jamais été accessible à aucun public. Certaines des œuvres de E. Firmin-Ano, B. Pedurand, A. Nabajoth, D. Goudrouffe, P. Chadru, J. Nankin, H. Edau, M-J. Limouza, (…) se détériorent sans être vues ;

- 2011 : L’artiste Italien Giuseppe Penone, protagoniste de l’Arte Povera mondialement connu, contacté par Mail afin de le questionner sur sa sculpture L’arbre des voyelles installée au Jardin des Tuileries à Paris. Je veux savoir si ce moulage en bronze grandeur nature d’un chêne déraciné, produit pour le site, est en rapport avec l’histoire de l’esclavage et Jean-Baptiste Colbert (ministre de Louis XIV, à l’origine du jardin des Tuileries et rédacteur du Code Noir) mentionné dans le fascicule du SCEREN-CNDP pour l’option arts plastiques du BAC ;

- Juillet 2012 : La réponse insatisfaisante de G. Penone, les questions sur notre relation asymétrique avec la France et les possibilités d’émancipation de la Guadeloupe, sont à l’origine de mon article : Une école pour la république archipel publié par Médiapart ;
https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/120712/une-ecole-pour-la-republique-archipel


- Décembre 2012 : Colloque Art et Transgression / CEREAP. Mon article intitulé : Sortir du piège de l’histoire – La transgression par l’art revient sur l’exposition 3X3 de Simon Njami pour le béké martiniquais Bernard Hayot et questionne la place et le rôle de la Fondation Clément. Dominique Berthet ménage le nouveau mécène de sa revue et refuse  la publication de l’article dans les actes du colloque. Je publie l’article sur mon blog ;
https://jocelynvalton.blogspot.com/2014/02/sortir-du-piege-de-lhistoire-la.html

- 2014 : Eddy Firmin-Ano participe à la série d’expositions Carte Blanche du Musée Schœlcher de P-à-P. J’accepte à son invitation d’écrire le texte du catalogue Résistance(s) à condition de pouvoir intervenir dans la conception même de l’exposition. Ainsi naîtra en co-création, l’affiche géante d’un Nègre marron de 8m de haut, d’après une gravure ancienne de William Blake revisitée par E. Firmin-Ano. L’affiche géante est collée dans la cour d’entrée du musée, sur un mur mitoyen et domine le buste de Victor Schœlcher à ses pieds.

Questionnant le musée et le discours schœlchériste (qui présente V. Schœlcher comme le grand ‘‘libérateur’’ des esclaves), mon texte en fait la critique, donne toute leur place aux résistances protéiformes des esclaves. Il s’oppose au discours officiel donnant l’image de la France en nation généreuse ayant octroyé la liberté à des esclaves implorant à genou, attendant passivement un sort meilleur ;
https://jocelynvalton.blogspot.com/2014/02/resistances-exposition-firmin-ano.html


E. Firmin-Ano à côté du Buste de V. Schœlcher
surplombé par le Nègre Marron géant

- Mai 2015 : Inauguration du MACTe à P-à-P. Le mémorial (dédié à la mémoire de la traite négrière transatlantique et de l’esclavage) est l’objet de vives controverses. Du fait de l’angle sous lequel il aborde cette question, desservi par une scénographie inaboutie, le MACTe est vivement critiqué sur le fond comme sur la forme. Son exposition permanente donne à voir un ensemble d’œuvres d’art d’Afrique et des Caraïbes-Amériques et il ouvre à la fois son espace à des expositions relevant de l’histoire et à des expositions d’art contemporain.
Voir mon article : Mémorial ACTe - La mémoire sous contrôle ;
https://jocelynvalton.blogspot.com/2016/01/memorialacte-art-memoire-esclavage-la.html


- 2016 : Exposition Echos Imprévus au MACTe qui accueille 26 artistes dans un vaste espace scénographié et nouvellement équipé de cimaises et d’éclairages appropriés. Commissaire de l’exposition : la Martiniquaise Johanna Auguiac, avec le Sud-Africain Tumelo Mosaka ;
Pour l’occasion, j’anime une des tables rondes : Paysage et autres considérations dans laquelle j’interroge l’absence du genre ‘‘paysage’’ dans le travail des artistes de la Caraïbe d’aujourd’hui. Sur le plateau : Eddy Firmin-Ano, Philippe Thomarel, Kelly Sinnapah-Mary, Bruno Pedurand.
Le paysage comme impossible (du moins difficile appropriation) ‘‘dans un pays qui ne s’appartient pas’’.



Kelly Sinnapah-Mary : Land owner, 2016
(dessin, collage)


- S’inspirant d’un court article que j’ai intitulé Négricide, évoquant la dimension génocidaire de la traite négrière transatlantique et de l’esclavage, Samuel Gelas travaille à une série d’œuvres éponymes qu’il exposera dans l’Hexagone et en Guadeloupe ; 
https://jocelynvalton.blogspot.com/2015/02/negricide-negricide-n.html

 
- 2017 : Je suis approché par la DAC (Direction des Affaires Culturelles) de la Guadeloupe pour être jury dans le cadre du 1% artistique – Rénovation de la Maison Chapp, une ancienne bâtisse du XVIIIème siècle à Basse-Terre, qui fut la demeure d’un colon esclavagiste. Le cabinet d’architectes retenu est français de même que la majorité des membres du jury.

Je demande :
1) - que cet aspect lié à l’histoire, soit clairement précisé dans l’appel d’offre aux artistes,
2) - que l’appel d’offre soit réservé aux artistes de Guadeloupe, du reste de la Caraïbe et de la diaspora, habituellement écartés des opérations 1% nationales en raison du caractère excentré et de l’insularité de nos territoires.;

- Mai 2018 : Le jury avance une réglementation sur le périmètre ‘‘national’’ du 1% (périmètre qui ne tient pas compte de la situation excentrée des artistes des Caraïbes) pour rejeter ma proposition. En désaccord, j’envoie ma démission au jury du 1% artistique de la Maison Chapp. Je suis remplacé par l’artiste Joëlle Ferly.
Finalement, pour cette opération des ‘‘Affaires Culturelles Françaises en Guadeloupe’’, tant les architectes que les artistes sélectionnés sont des Français de l’Hexagone…
Puisque l’art est la vie continuée, il ne saurait échapper à la logique des relations asymétriques France / Guadeloupe, France / ‘‘Outre-mer’’.

- Depuis cette table ronde questionnant le paysage (‘‘dans un pays qui ne s’appartient pas’’), Philippe Thomarel développe une nouvelle série d’œuvres qu’il nomme « Réflexion sur le paysage antillais » ;



Philippe Thomarel : Réflexion sur le paysage antillais, 2018


Octobre 2018 : 3ème édition du ‘‘Festival Bleu Outremer’’. L’exposition d’art contemporain « Les artistes pansent » est accueillie dans l’espace non dédié de la médiathèque du Lamentin. Comme dans l’édition précédente, le public peut voir des performances comme celle de Anaïs Verspan, dans une île où 90% de la population a été empoisonnée par le chlordécone dont la présence dans les sols durera pour au moins 700 ans selon les spécialistes.

Décembre 2018 : Table ronde avec l’artiste Joëlle Ferly et la sociologue Stéphanie Reinette (Nefta Poetry) sur « Les développements de l’art d’hier à aujourd’hui en Guadeloupe ».
Je présente : 1992 – 2018, Guadeloupe : 26 ans d’art – Un critique / Une chronologie


       
                        
                               AnaïsVerspan, 2017                                                                                                                                     



 
Anaïs Verspan : Performance
pour ‘‘Les artistes pansent’’, 2018


 Jocelyn Valton - AICA, décembre 2018

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